AVANCER A RECULONS

L'enfant dans les griffes de ''Big Brother'' ?

Projets gouvernementaux

                                                                (Enfant : du latin ''Infans'' celui qui ne parle pas)

 

Ah ! La découverte de l'échographie.

Prenez un enfant avant sa naissance, c'est déjà toute une vie. Il bouge, se tourne, suce son pouce. Parfois, pour se rappeler au monde extérieur il tape du pied et sourit béatement. Bien au chaud, il mène une vie de nabab.

Mais un jour, allez savoir, il éprouve avant l'heure comme une pulsion de pré-ado. Il se sent à l'étroit, prisonnier, il s'évade et là, il crie. Ses parents sont tout heureux, lui l'est beaucoup moins. Il fait froid dehors, l'air envahit ses poumons qui se déplient, aïe !... Il se débat et se cogne partout et, première blessure, on lui coupe le cordon. On lui fait subir le supplice de la baignoire et enfin, pour qu'il se taise, on lui fait avaler un liquide qui ne ressemble en rien à un bon apéro. Il paraîtrait que c'est la pire des épreuves subies par un être humain de toute son existence. Ensuite,  jusqu'à  ''l'âge de raison'', il va lui falloir apprendre les rudiments de la vie, écoutons un  spécialiste :

« C'est une période pleine de contradictions, de curiosité et d'investigations, donc de latence. Rien ne s'acquière en un jour, à l'école comme à la maison. L'apprentissage de la vie n'est pas linéaire... Enfin c'est le moment de lui ouvrir les portes du monde, de ses richesses et de l'impliquer dans certaines décisions, bref de partager un maximum de découvertes avec lui. ». Autrement dit c'est, en tout premier lieu, une démarche d'accompagnement familial.

Mais actuellement, au vu de plusieurs affaires de délinquance ou criminelles du fait de mineurs, relayées en boucle par les médias, le gouvernement, prolixe en lois orientées beaucoup plus sur les effets que sur leurs causes, envisage des mesures dont certaines défient tout bon sens.

Prenons deux exemples : La surveillance du comportement dans la petite enfance et l'abaissement à 12 ans de l'âge de la responsabilité pénale.

 

Surveillance du comportement.

Difficultés à se concentrer, impulsivité, caprices, manque de confiance en soi, taquinerie ou brutalité, etc... enfin  tous les problèmes liés à la petite enfance plus portée, on s'en doute, sur l'amusement ou la facilité que sur l'interdit. Bien entendu, certains apprentis sorciers sont partants pour mettre de l'ordre là dedans.

Il faudrait donc admettre que cette liste, non exhaustive, se voudrait déterminante en faisant abstraction des relations familiales, des contextes singuliers et de tout ce qui regarde les relations avec les autres, en particulier celles liées au milieu scolaire. Bref, L'analyse porte l'accent sur les causalités biologiques et le destin génétique tout en occultant les implications du milieu et de la cellule familiale. On va donc faire appel à la surveillance intime de l'individu, dès sa troisième année (en attendant) pour savoir si son patrimoine génétique franchit la ligne jaune du ''comme il faut'', voilà le projet !

« On voit les suites perverses et prévisibles : enfance sous contrôle, traçabilité des individus, repérage peu objectif des futurs délinquants, médicalisation, etc … »

« Et, plus grave, se référant à la comptabilité récente portant sur une moyenne de 48000 primo-délinquants par an, il faudrait supposer qu'il serait possible de repérer, dès l'âge de trois ans, 48000 futurs adolescents délinquants. (Source Internet). »

Pourtant, l'observation et le bon sens nous prouvent tous les jours que la grande majorité des petits enfants difficiles  deviennent généralement des adolescents '' normaux '' puis des adultes parfaitement bien dans leur peau.

 

Responsabilité pénale des mineurs dès 12 ans.

Considérer qu'un enfant de 12 ou 13 ans est loin d'avoir acquit une maturité suffisante pour prétendre qu'il soit réellement responsable de ses actes est une vérité de La Palice . S'il est délinquant, à cet âge, c'est le plus souvent le fait de son éducation ou de l'influence d'un environnement défavorisé par l'abandon résultant d'une politique comme celle que nous connaissons, beaucoup plus que par l'effet d'une perversité innée.

Abaisser l'âge de la responsabilité de 13 à 12 ans n' est, bien entendu, qu' une méthode populiste, visant l'effet d'annonce, donnant à croire que le gouvernement est ''toujours prêt'' à se porter au secours de la société. Mais donnons plutôt la parole à Y. Bianco-Brun, criminologue et professeur à la faculté de droit de Bordeaux : « Ce n'est pas bon d'envisager de changer la loi à partir de cas particuliers et à chaud. La justice pénale a besoin de sérénité. Ces questions sont devenues des enjeux politiques et il n'y a pas de politique miraculeuse. » (sources : Presse, Internet)

 

Pour mémoire : quelques méthodes d'éducation dans l'histoire :

-Dans l'ancien Testament – Deutéronome – il est dit que si un fils se rebelle et n'écoute ni son père ni sa mère... il sera lapidé.... Et encore : «  qui épargne le bâton, n'aime pas son fils ».

-Dans le nouveau Testament, il est recommandé de tempérer les sévices corporels faits aux enfants.

-Les lois romaines autorisaient les hommes à accepter ou refuser les enfants à la naissance. Sénèque dit : « Par la souffrance physique, nous corrigeons les caractères dépravés... ». Au père seulement revient le droit de tuer !

-Les pères gaulois avaient droit de vie et de mort sur leurs enfants.

-Au moyen âge, ses parents plus ou moins torturés et pendus pour des broutilles (suivant les sources), François Villon est recueilli par un ecclésiastique compatissant. Mais c'est trop tard, il se fourvoie dans le vol et le crime. Pourtant cela n'empêche pas que ses ballades et poèmes comptent parmi les plus beaux de la langue française. Pour ceux que le réalisme moyenâgeux intéresse, lire le livre de Jean Teulé  ''Je, François Villon'' (partout et à la Bibliothèque municipale).

-A la Renaissance, dans les collèges, la férule joue un rôle primordial alors que le fouet était réservé auparavant aux petits enfants...

-Pendant l'Inquisition, la peine de mort ou le bûcher n'étaient pas épargnés aux enfants.

-Au 17e siècle, on infligeait le fouet aux enfants comme aux condamnés.

-Il faut attendre le siècle des lumières, les philosophes, pour que l'on se penche un peu plus sérieusement sur le problème.

-Néanmoins, J.J. Rousseau, se mêlant de pédagogie, abandonne ses 5 enfants, en se gardant bien de les confier à des proches, de peur qu'ils lui reprochent un jour cet abandon !

-Pendant la révolution, Talleyrand – plus ou moins ''confié'' dans sa tendre enfance à des paysans peu regardant, c'était la mode à cette époque chez les aristocrates -  présente un plan sur l'instruction publique « … Chaque famille est aussi une école primaire dont le père est le chef … etc... ». Plan en contradiction totale avec certains principes énoncés précédemment par lui-même !

-Par la suite, au 19e siècle, la condition de l'enfant est très perturbée par l'arrivée de l'industrialisation. C'est, bien entendu, parmi les classes défavorisées qu'il souffrira le plus, en particulier dans les mines. « Pour beaucoup l'âge de 6-7 ans marque la fin de l'enfance ». Cette situation prendra fin peu à peu pour disparaître après la 1ere guerre mondiale. Dans les classes aisées, par contre, cela s'améliore et le poète va même célébrer l'enfant et reconnaître en lui des sentiments qui manquent cruellement aux adultes :

 

… Car vos beaux yeux sont pleins de douceur infinie...

                                                                                          Victor Hugo ''Lorsque l'enfant paraît''

(Sources : conférences, livres, Internet)

 

Aujourd'hui, et pour les plus anciens d'entre nous, certains et peut-être même beaucoup ont dû connaître le martinet.

Actuellement et pour reprendre un certain langage, vestige du temps passé, prenons l'expression la plus douce : « Ah ! une bonne claque n'a jamais fait de mal à personne... »

De nos jours la convention internationale des droits de l'enfance, signée à l'ONU en 1989 par 189 états, marque enfin la reconnaissance de la spécificité et du respect que l'on doit à cet âge de la vie.

 

Il est donc symptomatique, à la lecture de ce qui précède, que l'enfance et la petite enfance, aujourd'hui en proie aux nombreux désordres de la société, chômage, précarité, exclusion, menant le plus souvent à des formes diverses de  délinquance,  risquent d'être reprises en main par des moyens, certes plus actuels, mais qui, dans l'esprit, n'ont rien à envier à ceux des  époques sombres du moyen-âge.

L'enfance, moins que tout autre, ne doit être la proie de ''Big Brother'' dont la pire dérive à un nom : l'eugénisme et le pire des résultat : le contrôle d'une société  docile aux ordres d'un pouvoir totalitaire.

 

D. Bac  18-12-2011



19/12/2011
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 38 autres membres